Le BTP Chinois envahit le marché de l'Europe centrale/est

Publié le par Yann Guillemot

A2-bubowa.jpgEn Pologne, le constructeur China Overseas Engineering Group Co., boycotté par les sous-traitants polonais, a annoncé son intention de faire venir 2.000 ouvriers chinois pour accélérer la construction de l'autoroute Varsovie-Berlin qu'il doit livrer pour l'Euro 2012 de football. Depuis un mois, les annonces de projets du BTP chinois en Europe de l'Est s'enchaînent : la rénovation du réseau ferroviaire en Hongrie, d'infrastructures en Serbie, ou encore 5 milliards d'euros d'investissement chinois en Pologne, où le groupe Liu Gong rachète un fabricant de bulldozers.

Pour reprendre l'article de Myriam Chauvot dans  les Echos qui revient sur ce "coup de tonnerre dans le secteur du BTP. En Pologne, le constructeur China Overseas Engineering Group Co. (Covec) a annoncé son intention de faire venir 2.000 ouvriers chinois. Il s'agit d'accélérer la construction de l'autoroute Varsovie-Berlin dont il a remporté le contrat et qu'il doit livrer à temps pour l'Euro 2012 de football. Il y a trois ans, l'attribution de ce contrat à un groupe chinois -une première en Europe -avait fait enrager les constructeurs locaux et européens implantés de longue date dans le pays, comme Colas et Eurovia, respectivement filiales de Bouygues et de Vinci. Mais normalement, un attributaire de contrat étranger ne possédant pas de main-d'oeuvre et de matériel sur place fait appel à la sous-traitance locale. Avec cette importation massive, Covec, qui fait déjà travailler 320 salariés chinois sur le chantier (dont les cadres, moins chers que leurs alter egos occidentaux), créerait un précédent européen dont le secteur du BTP craint qu'il ne fasse école, pour baisser davantage encore les coûts.

Une crainte renforcée par l'offensive menée par les autorités chinoises en Europe de l'est. Depuis un mois, elle a entraîné une série d'annonces spectaculaires, comme, en Hongrie, le projet de rénover l'ensemble du réseau ferroviaire. En Serbie, China Road and Bridge Corporation a remporté en 2009 le contrat de construction d'un pont sur le Danube et « la Chine est prête à participer à la mise en oeuvre de grands projets d'infrastructures dans notre pays », s'est félicité début mai le ministre serbe des affaires étrangères Vuk Jeremic après une visite de son homologue chinois. « Nous pouvons nous attendre dans les prochains mois à des accords sur de nouveaux projets », a-t-il ajouté.

En Pologne, Covec a proposé d'investir cinq milliards d'euros dans l'extension du réseau routier et ferroviaire. Ce genre d'offre ne se refuse pas, écrivait fin mars le journal conservateur polonais Rzeczpospolita en reconnaissant joyeusement : « Les Chinois se moquent éperdument de ce qu'ils construiront chez nous. Ils ont même envoyé une demande au ministère de l'Infrastructure pour savoir quels investissements pourraient leur être adressés »... Les banques chinoises, étatiques donc appliquant la politique de Pékin, financent à des conditions imbattables faisant la force des constructeurs chinois, eux aussi publics, dans des pays sinistrés par la crise et à court de financements.

Une implantation pas facile

Mais l'implantation chinoise n'est pas si facile. La construction du pont sur le Danube n'a pas commencé, celle de l'autoroute Berlin-Varsovie a pris du retard. Les sous-traitants polonais ont bruyamment fait savoir qu'ils boycottaient Covec. Or ce dernier n'a pas de moyens locaux propres. Pour emporter le contrat autoroutier, il avait cassé les prix en offrant 188 millions d'euros pour la section A, contre 706 millions estimés par le client et 248 millions pour le second mieux-disant (Hermann Kirchner) ! Covec cherche visiblement à répercuter ses prix bas sur les sous-traitants, qui refusent. Le constructeur chinois d'engins de chantier LiuGong va racheter une usine polonaise de bulldozers, mais cela et l'importation massive d'ouvriers ne résoudront pas tout et Covec devra probablement remonter ses prix de sous traitance, donc encaisser des pertes. Il préparerait néanmoins d'autres projets dans le pays et lorgne déjà à côté. Il a fait s'étrangler de fureur la filiale tchèque de Colas en lui offrant, dans un courrier, de devenir son sous-traitant ! Peu au fait des marchés locaux, il ne s'était pas rendu compte qu'il s'adressait à un de ses principaux concurrents... « Hors parapétrolier et ingénierie, le chiffre d'affaires à l'international des Chinois est le troisième mondial, note la FNTP. Il ressortait en 2009 à 22 milliards d'euros dont 41 % en Afrique et moins d'un milliard en Europe mais avec les contrats récemment annoncés cela va grimper très vite ». La France, première mondiale à l'international avec 29 milliards, et l'Allemagne (25 milliards) perdraient alors leur suprématie mondiale ".

 

Au même moment, la Comission de Bruxelles pousse deux directives qui créent un tollé dans le secteur européen du BTP.

 

En effet , l'une sur le travail saisonnier , la seconde sur la mobilité intragroupe visant à simplifier le transfert temporaire de ressortissants d'un pays tiers, d'une société ayant son siège hors de l'Union vers des filliales établies dans les Etats membres.chinois1-Autoroute-A2.jpg

Etrange coïncidence  qui fait craindre aux groupes du BTP locaux des pratiques de concurrence déloyales.

Il est clair qu'une fois le droit de séjour accordé par son premier pays européen d'accueil, "le salarié pourra être transféré ailleurs dans l'Union sans que le pays de deuxième destination ne puisse s'y opposer [...]d'autre part la nature temporaire d'un chantier du BTP rend difficile son contrôle ", s'insurge à juste titre la FNTP.

 

Comment ne pas faire monter les politiques populistes en Europe avec de telles pratiques?

Nous devons impérativement  protèger notre marché européen et nos ressortissants en créant un marché commun de l’emploi afin d’harmoniser nos besoins dans nos différents secteurs d’activités si différents d’un pays à l’autre et pour la même raison, si complémentaires , en ayant une politique d’immigration coordonnée dans un espace Schengen renforcé, voire fermé. Il faut également une taxation européenne (TVA sociale) sur les produits importés hors Union ....etc,etc. je reviendrais ultérieurement sur l'ensemble  des propositions.

C'est ensemble , avec plus d'Europe politique et de solidarité que nous serons capables de nous élever afin de protèger chacun de nos Etats tout en préservant leurs spécificités .

Les pays émergents doivent apprendre à respecter ce qu'il y a de plus précieux dans nos sociétés développées : l'Homme . 

C'est à nous, le vieux continent de leur montrer la voie .

A l'instar des promesses chinoises dans de nombreux pays africains, nous devrions être plus solidaires et vigilants dans la difficulté à l'égard de l'Irlande,du Portugal et de la Gréce au risque de voir marnés plus de 60 ans d'espoir ,de construction européenne et de progression sociale (même si cela est loin d'être parfait).  

Il est toujours plus facile de détruire que de construire.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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