L’UE : FERME AVEC LA BIELORUSSIE ET IMPUISSANTE ENVERS LA TURQUIE

Publié le par Yann Guillemot

Doit-on s'interroger sur la différence de traitement affichée par l'UE face aux crises biélorusse et turque?

Même si le parallèle entre les deux pays reste difficile à faire tant l'histoire et la géopolitique les séparent, il n'en demeure pas moins que les deux Présidents en place, Messieurs LOUKACHENKO et ERDOGAN, montrent depuis près de vingt ans des similitudes flagrantes quant à la conduite autoritaire de leurs pays respectifs : Droits de l'Homme bafoués, enfermement des opposants politiques et des journalistes, corruption [etc..] avec tout de même un avantage certain pour M.ERDOGAN qui, dans la catégorie petit dictateur, a ajouté pêle-mêle à sa panoplie, l'islamisme radicale, le non respect des ses Alliés de l'OTAN, le soutien à des groupes terroristes dont "l’état islamique" pendant la guerre en Syrie et en Irak, la non reconnaissance du génocide arménien, l'occupation illégale d'une bande de territoire au nord de la Syrie, le traitement affligé aux minorités vivant en Turquie dont les Chrétiens et les Kurdes font partie, le chantage "aux migrants", l’ingérence dans les institutions de l'islam de France et d'associations de quartier, menaces et insultes adressées à bon nombre de pays et de dirigeants dont Angela Merkel et Emmanuel Macron [..] liste non exhaustive.

Tout ceci est-il nouveau pour nous et nos dirigeants? Bien sûr que non.

Pour mémoire, c'est depuis 2004 que la Biélorussie est sous le joug de sanctions de la part des États-Unis et de l’UE. A chaque renouvellement de mandat du président Loukachenko depuis son accession au pouvoir il y a 26 ans, ces mesures restrictives refont surface et alimentent la une des journaux. Suite à sa réélection en 2010, j’intitulais déjà un de mes articles « Loukachenko propriétaire de la Biélorussie ? », décrivant ainsi le système d’enrichissement personnel du Président Loukachenko.

Mais ces faits connus de tous, n’empêchent pas en 2016 l’UE de lever une partie des sanctions à l’égard de la Biélorussie!

Alors l’émoi collectif, les réactions scandalisées des médias, celles de nos dirigeants politiques tant à l’échelle nationale que de l'Union Européenne, suscités par la répression (bien réelle) faisant suite aux résultats des élections de la semaine dernière, sont de mon point de vue un peu surjoués voire même hypocrites. Tous feignent de découvrir une situation .

Nous pouvons donc lire partout dans les médias par quelle fermeté et rapidité « L’UE sanctionne la Biélorussie »!

Mais ce que nous devons bien comprendre, nous occidentaux, c’est que la Russie de Vladimir Poutine n’acceptera jamais de laisser partir de son giron historique et économique la Biélorussie, ni l’Ukraine d'ailleurs (et à fortiori sa partie la plus à l'est).

Partant de ce postulat, résultant du séisme géopolitique occasionné par la chute du mûr de Berlin en 1989, je crois sincèrement que les dirigeants des 27 pays de l’UE dont la Pologne, dans un rôle habituel d'activiste russophobe à l’est, essaient de souffler sur les braises des manifestations pour mieux déstabiliser ce pays.

J’en connais les motivations, elles sont identiques à celles qui ont conduit à la situation pathétique dans laquelle se trouve l’Ukraine aujourd’hui après des années de guerre et l’annexion de la Crimée. Les populations, elles, restent seules après. Au contraire, nous serions avisés d'essayer de trouver une solution coordonnée avec Moscou pour assurer une transition politique acceptable pour la Biélorusse et ses habitants.  

La vérité, c'est qu'il est plus aisé pour les Ministres des Affaires étrangères de l'Union Européenne qui débattaient ce vendredi 14 Août en Conseil, de brandir haut et fort des pseudo-sanctions contre la Biélorussie de Loukachenko, que de dénoncer aussi vivement les provocations ouvertes et le bellicisme entretenu de Erdogan depuis son accession au pouvoir en 2003 comme Premier ministre et ensuite en tant que Président à partir de 2014.

Les graves incidents de ces dernières semaines en méditerranée sur fond de transport et livraison d’armes au GNA (gouvernement) en Libye sous bonne escorte de la marine turque (répondant à un codage de l’OTAN ) et dans un mépris total de l’embargo en vigueur, puis la question des forages illégaux de recherche d’hydrocarbures dans les eaux chypriotes et au large de l’île grecque de Kastellorizo, illustrent malheureusement les divisions et toute l’impuissance de l’UE face à Erdogan.

Résultat : des options de sanctions seront proposés ultérieurement lors d’un Conseil fin Août pour la Turquie. J'en déduis qu'il y a un traitement médiatisé et urgent pour la Biélorussie et un traitement qui ne nécessiterais pas d'urgence décisionnelle pour une situation qui le serait. Nous vivons donc en pleine Absurdie.

Enfin, ce n'est pas la Russie de Poutine qui constituent la menace pour l'Europe, mais la Turquie islamique d'Erdogan et sa volonté d’hégémonie sur toute la partie orientale de la Méditerranée.

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